Aller au contenu

Page:Sand - Antonia.djvu/207

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Oui, puisqu’elle est en nous. Elle nous donne de la force et de la présence d’esprit. Un homme qui protége l’honneur d’une femme contre des manants a pour lui toutes les chances. Le courage lui est très-facile ; il sent qu’il ne peut pas succomber.

— Comme vous avez de la foi, vous ! dit Julie émue. Oui, je me souviens, vous m’avez dit chez moi, l’autre jour, que la foi transportait les montagnes, et que vous étiez la foi en personne.

L’autre jour ! reprit Julien naïvement. Il y a de cela plus d’un mois.

Julie n’osa pas feindre d’ignorer combien de jours et de nuits s’étaient écoulés déjà depuis cette courte entrevue. Elle se tut. Julien fut respectueux au point de ne pas reprendre de lui-même la conversation, et plus le silence se prolongea, moins Julie trouva de présence d’esprit pour le rompre sans trahir l’émotion qu’elle éprouvait. Ils arrivèrent ainsi auprès du pavillon.

— Ne pensez-vous pas, lui dit-il, que je devrais quitter ici votre bras et ne pas me montrer à vos gens, mais vous suivre à distance jusqu’à ce que j’aie vu la porte de votre hôtel se refermer sur vous ?

— Oui, répondit-elle ; mais que penseront mes gens de me voir rentrer seule et à pied à pareille heure ? Tenez, le mieux est que je prenne par le pavillon et par mon jardin ; on pourra croire que M. Marcel m’a ramenée par là.

En effet, c’était le mieux. Julien avait sa clef sur lui.