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Page:Sand - Antonia.djvu/254

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arrivé à temps. Tout est rompu entre nous ; c’est une femme rusée, elle me le payera, je ne dis que ça !

— Vous ne dites pas tout, mon oncle ! Il a été question d’autre chose. Vous lui avez dit tantôt : « Il dépend de vous que tout s’arrange. »

— Ça, c’est mon affaire, ça ne te regarde pas.

— Pardon ; elle a répondu jamais avec une colère…

— C’est une vieille folle !

— Enfin à quoi répondait-elle ?

— Eh ! va au diable ! De quoi te mêles-tu ?

— Allons, convenez-en, l’affaire s’est compliquée d’un autre projet…

— Non, te dis-je !

Marcel s’obstina.

— Mon oncle, dit-il, la chose est claire pour moi ; ne pouvant épouser une comtesse, vous avez voulu épouser une marquise. Eh bien, ce projet-là était plus raisonnable que l’autre : vos âges et vos fortunes s’accordaient mieux ; mais je vois que là aussi vous avez échoué. On vous a leurré de quelque espérance afin d’avoir un peu de votre argent, puis on n’en a pas moins travaillé sous main et à votre insu à s’emparer des biens de la comtesse, et, si vous fussiez arrivé une minute plus tard, c’était un fait accompli, vous n’étiez ni marié ni vengé.

Antoine avait écouté cette remontrance la tête basse, dans l’attitude de la méditation, mais regardant en