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Page:Sand - Antonia.djvu/261

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conjugale au déclin de sa vie ; comme cela porte le caractère de la monomanie, aucune promesse, aucune résolution de sa part ne peut l’en préserver. Il trouvera ce qu’il cherche, n’en doutez pas ; une femme titrée quelconque, jeune ou vieille, honnête ou non, belle ou laide, se laissera tenter par ses écus et accaparera tous ses biens. Voici donc la question simplifiée, et vous devez écarter la préoccupation de notre héritage à tous. Il n’y a de certain que les faits présents, et vous voyez que je suis hors de cause. Parlons donc de ces faits immédiats qu’on livre à notre examen. Ils sont fort sérieux. Je connais l’oncle Antoine : ce qu’il veut faire, il le fait en vingt-quatre heures, ou jamais. Demain, il sera ici avec des actes tout préparés, rédigés par lui-même en style plus ou moins barbare, mais où il ne manquera pas un iota pour qu’ils soient bons et valables, incontestables devant la loi, qu’il connaît mieux que moi-même. Ces actes ne pourront en aucune façon énoncer la clause bizarre, imprévue dans la législation, de votre formelle rupture avec telle ou telle personne ; mais ils pourront fort bien vous imposer la condition de ne pas vous remarier sans l’aveu de M. Antoine, et, en cas de rébellion, être purement et simplement révocables. N’espérons donc pas éluder l’engagement qu’on vous demande ; votre caractère m’est, d’ailleurs, une garantie que vous n’y songez point.

— Et vous avez raison, mon ami, répondit Julie en soupirant, je ne promettrai jamais sans tenir.