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Page:Sand - Cadio.djvu/330

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tante ; mais parlons vite, il le faut. Est-ce vrai, tout ce que m’a dit la Korigane ?

ROXANE. La Korigane ? tu l’as vue ?

HENRI. Elle sort d’ici.

ROXANE. Je pensais qu’elle nous avait abandonnées ou trahies. Que t’a-t-elle dit ?

HENRI. J’ose à peine le répéter devant Louise.

LOUISE. Si elle a accusé M. de la Rochebrûlée, elle a eu tort. Je quitte sa maison parce que, le voyant lancé dans une expédition périlleuse et décisive, que du reste je n’approuve pas, je serais pour lui une préoccupation et un danger de plus. Quand les chefs d’insurrection quittent leurs demeures, on les brûle, et les femmes deviennent ce qu’elles peuvent. J’ai demandé asile à Marie pour quelques jours. De là, je compte, avec sa protection, gagner l’Angleterre, où M. de la Rochebrûlée viendra me rejoindre, si, comme je le crois, l’expédition échoue par la trahison des Anglais.

HENRI. Ainsi c’est avec l’agrément de Saint-Gueltas que vous venez toutes seules vous jeter dans un pays occupé par nous sur le pied de guerre, au risque de n’y pas rencontrer un ami pour vous préserver ? Votre explication manque de vraisemblance, ma chère Louise, d’autant plus que vous n’êtes pas femme à abandonner l’homme dont vous portez le nom, à la veille de si grands événements, dans la seule crainte d’en partager les malheurs et les dangers. Vous avez une autre raison ; quelqu’un vous chasse de chez vous, et votre mari repousse votre dévouement.

LOUISE. Ne croyez pas…

ROXANE. Louise, c’est trop de considération pour