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Page:Sand - Cadio.djvu/359

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ta fanfare, tu ne risques plus rien ! (Louise et Henri ont couru à Cadio, qui se relève sur ses genoux et se trouve aux pieds de Louise. Elle étanche le sang de son front avec son mouchoir.)

LOUISE, éperdue. Ah ! pauvre Cadio ! Est-ce qu’il va mourir ?

CADIO. Je n’aurai pas cette chance-là de mourir où me voilà !

JAVOTTE, lavant la blessure. Je crois que ça n’est rien ; la balle a ricoché.

MOTUS. Non, ce n’est rien ; mais assieds-toi, mon ami.

CADIO, serrant le mouchoir de Louise autour de son front et reprenant sa coiffure militaire. Non, c’est le moment de sortir et de sabrer.

MOTUS, qui a achevé sa fanfare. Fais excuse, mon capitaine. Les chouans sont refoulés… ils reviennent sur la place… Ah ! nos braves cavaliers, comme ils y vont ! Tirons encore sur les chouans !

HENRI, qui a saisi un fusil. Oui ! Nous leur ferons d’ici plus de mal que de plain-pied. (Le combat recommence. Les cavaliers, arrivés en chargeant sur la place, sabrent et écrasent les chouans, qui fuient en désordre dans les rues adjacentes, mais qui reviennent bientôt en voyant le petit nombre de leurs adversaires. Henri, Cadio et Motus ont défait la barricade et se sont élancés sur l’escalier. Un hourra de leurs cavaliers les salue ; mais plusieurs tombent. Les chouans se jettent dans les jambes des chevaux, les éventrent à coups de couteau et égorgent les hommes renversés ou les emportent sous la halle pour les mutiler. Louise et sa tante, muettes d’horreur et d’effroi, sont à la fenêtre. La Korigane a disparu. Javotte, armée d’une hache, frappe ceux qui approchent de l’escalier. Henri, Motus et Cadio l’ont descendu ; mais, séparés par la mêlée du reste du détachement, ils sabrent sans pouvoir avancer. La petite troupe républicaine diminue à vue d’œil. On se bat corps à corps avec furie. Tout à coup, le canon retentit à quelque distance. Le premier coup est à peine entendu au milieu des clameurs de la lutte. Au second, un instant de profond silence.)