Page:Sand - Cadio.djvu/360

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LES CHOUANS. Victoire ! c’est les Anglais ! Vive le roi !

LES BLEUS, Henri en tête. C’est le général Hoche ! Vive la République ! (Une troupe de paysans sans armes et revenant du marché avec des femmes, des enfants et des troupeaux, arrive éperdue en criant : Les bleus ! c’est les bleus ! nous les avons vus, nous autres ! Leurs bœufs et leurs charrettes achèvent de mettre la confusion et d’écraser les blessés et les cadavres. En un instant, la place est jonchée de paniers de volailles et de fromages que les chouans arrachent ou ramassent en fuyant et en criant en breton : Sauve qui peut !… Les cavaliers et leurs chefs leur donnent la chasse ; Louise, Roxane et Javotte sont sur l’escalier.)

REBEC, reparaissant sans qu’on sache d’où il sort. Victoire !

JAVOTTE. C’est pas tout ça, on est vainqueur, mais y a du mal ! Courons aux blessés !

ROXANE. Oui, oui, secourons ces braves républicains ! Où vas-tu, Louise ?

LOUISE. Leur chirurgien n’a pas été tué, je le vois là-bas… Je cours me mettre à sa disposition.

REBEC. Non, aidez-moi à organiser ici l’ambulance ! Javotte, ma mie…

JAVOTTE. Je ne suis plus votre mie, vous vous êtes caché quand je me battais, vous n’êtes pas un homme !



Scène XV. — LOUISE, MARIE, HENRI.

(Pendant qu’on apporte et soigne les blessés, une chaise de poste percée de balles arrive au galop sur la place, avec une escorte de gendarmes volontaires dont quelques-uns sont blessés. — Marie s’élance sur l’escalier. Louise se jette dans ses bras.)


Louise. Ah ! mon amie, mon ange ! (Elle sanglote. Roxane embrasse Marie en pleurant aussi.)