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Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/276

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Je n’y ai rien compris, sinon que vous l’approuviez de rester avec moi, et que vous m’aimiez bien toujours. À présent écoutez. Je ne peux pas accepter le sacrifice qu’il me fait de travailler dans une petite chambre sans air aux heures où il pourrait vous dire tout ce qu’il vous écrit, dans vos beaux salons, avec vous pour lui répondre et faire sortir son grand esprit, qui étouffe avec moi. Non, non, je ne veux pas le rendre malheureux et prisonnier ; je le lui ai dit, il ne veut pas le croire, c’est à vous de le ramener chez vous. Écrivez-lui que vous avez besoin de lui, il n’a rien à vous refuser.

— Ce ne serait pas vrai, répondit Césarine. Je n’ai pas besoin de le voir pour achever mon travail. C’est pour l’acquit de ma conscience que je le consulte : quand j’aurai fini, je lui soumettrai le tout ; mais cela peut se communiquer par écrit.

— Non, non, ce n’est pas la même chose ! Il a besoin de parler avec vous, il s’ennuie à la maison. Qu’est-ce que je peux lui dire pour l’amuser ? Rien, je suis trop simple.

Marguerite avait l’habitude de s’humilier afin qu’on lui fît des compliments pour la relever à ses propres yeux. Elle était fort avide de ce genre de consolations. Césarine ne le lui épargna pas, mais avec une si profonde ironie au fond du cœur que la pauvre femme la trouva trop indulgente pour elle, et lui répondit :

— Vous dites tout cela par pitié ! vous ne le pensez pas, vous êtes bonne jusqu’à mentir. Je vois bien que je vous lasse et vous ennuie, je ne reviendrai plus ;