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Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/277

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mais vous pouvez me faire du bien de loin. Rappelez Paul à vos dîners et à vos soirées, voilà tout ce que je vous demande.

— Alors vous n’êtes plus jalouse, c’est fini ?

— Non, ce n’est pas fini, je suis jalouse toujours. Plus je vous regarde, plus je vois qu’il est impossible de ne pas vous aimer plus que tout ; mais, quelque idiote que je sois, j’ai plus de cœur et plus de force que vous ne pensez, plus que Paul lui-même ne le croit. Vous le verrez avec le temps. Je suis capable d’aimer jusqu’à me faire un devoir, une vertu et peut-être un bonheur de ma jalousie.

— C’est très-profond ce qu’elle dit là, observa Césarine dès qu’elle se retrouva seule avec moi. Elle exprime à sa manière un sentiment qui la ferait très-grande, si elle était capable de l’avoir. Aimer Paul jusqu’à me bénir de lui inspirer l’amour qu’il ne peut avoir pour elle, ce serait un sacrifice sublime de sa personnalité farouche ; mais elle aime à se vanter, la pauvre créature, et si par moments elle est capable de concevoir une noble ambition, il ne dépend pas d’elle de la réaliser. Ce ne sont point là travaux de villageoise, et ce n’est pas en battant la lessive qu’on apprend à tordre son cœur comme un linge pour l’épurer et le blanchir.

— Qui sait, grande Césarine ? Il y a une chose que savent quelquefois ces natures primitives, et que vos travaux métaphysiques et autres ne vous apprendront jamais…

— Et cette chose, c’est…