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Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/127

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— Mais tu rêves, Marius, cela ne se peut pas.

— Pourquoi donc ? Il savait bien que tu grandirais, que tu serais riche et que tu te marierais un jour. Mettons qu’il n’ait jamais espéré être ton mari ; il s’est dit : « Elle sera compromise par ma présence, et tout s’arrangera avec beaucoup d’argent ou une bonne place que je me ferai donner. » Tu secoues la tête ; tu ne me crois pas ?

— Non !

— Eh bien, demande au docteur et à d’autres personnes du pays — car tout le monde le sait — pourquoi la pauvre Denise a été chassée. Elle est peut-être folle à présent, elle a eu tant de chagrin ! Mais elle n’était pas si folle quand on l’a enfermée… Je sais tout, moi : elle aimait Frumence !

— Oh !

— Il n’y a pas de oh ! M. Frumence n’est pas si vertueux qu’on croit. Il avait sans doute parlé mariage à Denise, et, comme ensuite il n’a plus voulu d’elle, elle a vu ce qui se passait. Frumence était charmant pour toi, il te gâtait, il te portait comme un petit enfant. Il voulait t’attacher à lui comme à un bon petit papa, afin de te gouverner par la suite. Alors, Denise, qui avait la tête vive, est devenue jalouse de toi. Elle a parlé de vengeance, elle a dit des bêtises. On a eu peur d’elle, Frumence s’est dépêché de la faire passer pour folle…