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Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/130

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XVIII


Enfin je secouai ce vertige ; la raison me revint, et je repoussai le soupçon avec tant d’énergie, que Marius en fut ébranlé et rougit de sa crédulité ; mais il ne voulut pas avouer tout à fait la défaillance de son jugement.

— Admettons, dit-il, que l’on m’ait exagéré tout cela et que M. Frumence n’ait pas assez de malice et de prévoyance pour avoir fait de pareils calculs ; il n’en est pas moins vrai que sa présence ici, maintenant que je m’en vais, est une chose inutile et même dangereuse pour ton avenir. Ma tante est bien vieille, et Jennie la gouverne. Jennie protège Frumence, cela est évident pour moi, et il se peut qu’elle ne se méfie pas du danger. Après tout, Jennie, avec tout son esprit, est une femme du peuple qui ne sait rien du monde, de ses usages, et de la médisance à laquelle donnent prise les choses inconvenantes. Ce que tu dis de madame Capeforte peut s’appliquer à bien d’autres. Tout le monde est soupçonneux, tout le monde est porté à incriminer ceux qui bravent ses opinions. Tu ap-