Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/234

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l’amour comme une faiblesse honteuse, et je résolus de n’aimer jamais. Ceci pouvait être un bon préservatif contre les périls de la première jeunesse ; mais, comme tous les partis pris sans lumière et sans expérience, c’était le commencement, d’une notion fausse de la vie et du mariage.




XXXI


J’atteignais mes dix-neuf ans quand Marius revint habiter Toulon avec un petit emploi plus agréable que celui de commis dans la maison Malaval. Son traitement était bien modeste, mais un de ses vœux se trouvait réalisé : il était un peu marin par l’uniforme sans l’être par le fait. Il portait un habit bleu bien coupé, une petite ganse à sa casquette, et il n’était pas exposé à s’embarquer.

Il était redevenu joli garçon et ses manières s’étaient adoucies en même temps que son existence. Il était toujours aussi moqueur, mais avec plus d’entrain et de gaieté.

Fort peu assujetti par ses fonctions, il vint passer avec nous tous les dimanches, et remarqua bientôt