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Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/235

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les grimaces singulières de Galathée au seul nom de Frumence. Son penchant à la raillerie lui tenant lieu de pénétration, il devina ce que Jennie ne soupçonnait même pas. Il s’amusa dès lors à torturer mademoiselle Capeforte. Il lui écrivit au nom de Frumence des déclarations inouïes ; il lui donna des rendez-vous dans tous les recoins de la montagne ; il lui faisait trouver des lettres d’amour jusque dans ses souliers. Puis il s’amusa à jouer la comédie d’être amoureux d’elle et jaloux de Frumence. Enfin, s’il ne la rendit pas folle, c’est qu’elle était trop stupide pour le devenir.

Je n’approuvais pas ces cruautés et je n’y participai jamais ; mais Marius, qui ne me consultait pas pour les inventer, venait me les raconter, et il m’était impossible de n’en pas rire. Il y avait si longtemps que je n’étais plus gaie ! La société de Marius me ramenait aux heureux jours de l’enfance, et c’était un apaisement aux fantaisies d’imagination qui m’avaient troublée.

Il nous accompagnait à la messe, où nous allions souvent à pied dans la saison douce. Il traitait Frumence amicalement, et Frumence le jugeait aimable et bon. Il m’aidait à prendre tranquillement et sérieusement ma leçon, car il emmenait Galathée au jardin ou à la source, en lui faisant des scènes