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satisfaisait pas ; je cherchais quelque chose de plus étrange et de plus brillant dans la région des songes. Je suis restée ainsi : ç’a été la cause de tous mes désastres, et peut-être aussi le foyer de toutes mes forces.



IV


Je crois que j’avais sept ou huit ans quand je connus M. Frumence Costel. Il en avait alors dix-neuf ou vingt. C’était le neveu orphelin du curé de notre paroisse. Étrange paroisse que ce village des Pommets ! Je ne puis mentionner Frumence sans décrire le lieu où ma grand’mère l’avait découvert pour lui confier mon éducation ; car, bien que la personne pour laquelle j’écris connaisse mon pays de Provence, je ne saurais me retracer aucun événement sans en établir le cadre.

Les rares hameaux de nos montagnes sont, au dire de la tradition, d’anciennes colonies romaines, prises, pillées et occupées ensuite par les Sarrasins, à qui elles furent reprises plus tard par les indigènes. Quels indigènes ? On ne conçoit guère que ces nids sauvages, perdus dans des ravins