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Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/29

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arides, aient pu avoir d’autres habitants que des colons aventureux ou des pirates rassasiés. On dit pourtant que ces contrées, aujourd’hui si dénudées, étaient d’un grand rapport au temps où le précieux insecte qui fournissait la pourpre habitait le feuillage du chêne nain, le chêne coccifère des botanistes. Qu’est devenue la pourpre ? qu’est devenu l’insecte ? qu’est devenue la splendeur de nos rivages ? La majeure partie de nos terres végétales consiste en d’étroites zones fertiles, déchiquetées par lambeaux le long des torrents à sec les trois quarts de l’année, et en maigres régions d’oliviers qui occupent les premières terrasses des montagnes. La vallée de Dardenne, qui a de l’eau toute l’année, est une oasis dans le désert ; le pays environnant n’est qu’un chaos de roches pittoresques ou de corniches élevées, plates, pierreuses, désolantes à parcourir et à voir. Du côté de notre paroisse, il y a pourtant un peu de végétation, et de belles collines. La croupe arrondie du baou qui le domine est couverte d’une mince verdure, charmante au mois de mai, brûlée au mois de juillet. Il y a aussi par là une source, et un ruisseau qui va rejoindre la Dardenne. Le village se compose d’une cinquantaine de maisons jetées en pente rapide et d’une petite église dont M. Costel, l’oncle de Frumence, était le curé.