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Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/296

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— Non, dit-elle ; mais ayez tout votre courage à la fois !

Et elle ajouta d’un ton dont la douloureuse solennité résonne encore à mes oreilles :

— Madame va mourir !

— Qui donc a parlé ? demandai-je en courant.

— Personne. Elle ne sait rien, son heure est venue.

Et, m’arrêtant à la porte du salon, Jennie me prit le bras avec force, en disant avec une déchirante énergie :

— Souriez !

C’est ce que l’on dit aux jeunes filles que l’on fait belles et que l’on mène au bal. Ma bien-aimée grand’mère allait mourir : c’est la fête qui m’attendait !

Elle était sur son fauteuil, pâle comme un spectre, et elle souriait encore, elle ! M. Barthez lui tenait la main. Jacynthe essayait de réchauffer ses pieds glacés et roidis, qu’elle ne pouvait plus soulever jusqu’à sa chaufferette. M. Barthez, profondément ému et la figure baignée de larmes, lui répondait, remarquant ses yeux tournés vers la fenêtre ouverte :

— Oui, un temps très-doux aujourd’hui !

Je m’approchai pour baiser ses mains froides, elle parut étonnée de ne pas le sentir. Elle pensait