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Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/300

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dépouille. Je m’appuyai sur la force de Jennie, la seule qui répondît à la mienne.

Au moment où l’on referma la fosse, des cris perçants et des lamentations bruyantes s’élevèrent autour de moi. Cette coutume antique, que l’on retrouve encore au fond des campagnes, est moins un témoignage de douleur qu’une sorte d’hommage éclatant rendu au mort. C’est peut-être aussi une sorte d’excitation salutaire que l’on veut procurer aux parents et aux amis pour faire couler les larmes et détendre la douleur en la forçant à s’exhaler. D’autres disent que ce sont des clameurs pour épouvanter les mauvais esprits et les empêcher d’emporter l’âme du mort… Ces cris m’épouvantèrent et je m’enfuis chez Frumence, qui me suivit au bout d’un instant. Mais il ne me savait pas là, il ne me voyait pas. Absorbé, il posa sa bêche dans un coin et se mit à sangloter comme un enfant, la tête appuyée contre le mur. Je me levai et me jetai dans ses bras. Nous pleurâmes ensemble sans nous rien dire.