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Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/95

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l’hospice des aliénés sans être bien sûr qu’elle ne guérirait pas ailleurs. Madame Capeforte, qui avait accompagné le docteur pour faire l’officieuse, et qui trouva moyen de surprendre ou d’arracher un peu plus de confiance qu’on ne voulait lui en accorder, ouvrit un avis qui parut assez bon à ma grand’mère, et qui, pour n’être pas sans inconvénient, comme la suite le prouva, était peut-être en ce moment le seul avis à suivre. Elle proposa de venir chercher Denise le lendemain de la part d’une bonne religieuse de ses amies, qui saurait bien lui persuader de rester au couvent avec elle. Là, on prendrait Denise par la piété, on l’occuperait aux chapelles, on la distrairait, et peut-être la guérirait-on absolument de ses idées noires et de ses accès de frénésie. On essayerait du moins, et, si après quelque temps d’un régime moral bien entendu elle était reconnue incurable, on aviserait à l’enfermer plus étroitement.

Tout fut fait ainsi que le conseillait l’officieuse voisine, et Denise partit le lendemain, pendant que Frumence nous conduisait à la promenade d’un autre côté. Fidèle à son système de ne pas attrister l’enfance par le spectacle des choses tristes qu’elle ne peut améliorer, il aida ma grand’mère à nous cacher la gravité de l’état de ma nourrice et la durée probable de son exil. Ma bonne maman nous