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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 2.djvu/57

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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

point passé, des abîmes où mon œil a plongé. Vous avez vécu avec les anges ; moi, j’ai vécu avec les hommes et les femmes. Je sais combien on souffre, combien on pèche, combien on a besoin d’une règle qui rende la vertu possible. »

Fiez-vous à moi, personne ne chercherait avec plus de désir de la trouver, avec plus de respect pour la vertu, avec moins de personnalité ; car je n’essayerai jamais de pallier mes fautes passées, et mon âge me permet d’envisager avec calme les orages qui palpitent et meurent à mon horizon.

Répondez-moi un mot. Si vous me défendez d’aller plus avant, je terminerai les Lettres à Marcie où elles en sont, et je ferai toute autre chose que vous me commanderez. Je puis me taire sur bien des points et ne me crois pas appelée à rénover le monde.

Adieu, père et ami ; personne ne vous aime et ne vous respecte plus que moi.

G. SAND.


CLXV

À M. FRANZ LISZT, À PARIS


Nohant, 28 mars 1837.


Je vous envoie le tout, décacheté, parce qu’il est défendu d’envoyer des paquets fermés. Je vous recommande mes manuscrits.