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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 5.djvu/387

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DCCXXXV

À M. ÉMILE DE GIRARDIN, À PARIS


Nohant, 3 juillet 1870.


Cher ami,

Voici ce que je lis dans le New-York Evening Post, à la suite d’une critique de mon dernier roman. Je traduis en supprimant les noms propres :

« Quant à la question relative au caractère qui a servi à l’auteur de Malgrétout, elle est de celles qui ne souffrent pas de discussion pour quiconque sait sur quels principes repose la construction d’une œuvre d’art. George Sand est un artiste : or il n’est point artiste, il est un vulgaire écrivain de lieux communs, celui qui photographie les personnages vivants dans une fiction. Que la prodigieuse carrière de telle ou telle individualité historique ait pu frapper l’esprit de George Sand, au moment où elle peignait les aspirations d’une aventurière ambitieuse, cela ne prouve pas qu’elle ait voulu peindre aucune figure de la vie réelle, ni qu’elle ait songé à jeter aucune lumière sur les faits qui la concernent. »

Je trouve ces réflexions justes et de bon goût, et je suis très étonnée de lire dans la Liberté une interprétation arbitraire des intentions que j’ai pu avoir.