Page:Sand - Francia.djvu/237

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oncle. Elle eut un profond chagrin, qu’elle renferma, dans la crainte d’être accusée de lâcheté de cœur. Les reproches de l’invalide n’étaient pas sortis de sa mémoire, et, en perdant l’espérance, elle ne perdit pas le désir d’être estimée encore. Elle pria le docteur de lui procurer de l’ouvrage. Il la fit attacher à la lingerie de l’hôpital Saint-Louis, où elle mena une conduite exemplaire. Les jours de grande fête, elle venait embrasser Moynet et tendre la main à Antoine, qui espérait toujours l’épouser. Elle ne le rebutait pas, et disait qu’ayant une bonne place elle ne voulait se mettre en ménage qu’avec quelques économies. Le pauvre Antoine en faisait de son côté, travaillait comme un bœuf et s’imposait toutes les privations possibles pour réunir une petite somme.

Théodore était occupé aussi. Il apprenait avec Antoine l’état de ferblantier. Il se conduisait bien, il se portait bien. L’enfant malingre et débauché devenait un garçon mince, mais énergique, actif et intelligent.