Page:Sand - Francia.djvu/83

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avancer, ni reculer ; il fallait bien faire une trouée pour arriver à leurs bagages : on a poussé un peu la lance au hasard dans la foule. Je sais que j’ai vu la petite tomber d’un côté, la femme de l’autre. Un camarade a achevé la mère ; moi, je ne suis pas méchant : j’ai jeté la petite sur un chariot. Voilà tout ce que je puis te dire.

— C’est bien, retourne dormir, répondit Mourzakine.

Il n’était pas besoin de lui recommander le silence : il n’entendait pas un mot de français.

— Eh bien ! eh bien ! mon Dieu ! dit Francia en joignant les mains ; il sait quelque chose ; vous lui avez parlé si longtemps !

— Il ne se rappelle rien, répondit Mourzakine. J’écrirai demain aux autorités du pays où les choses se sont passées. Je saurai s’il est resté par là des prisonniers. À présent, il faut t’en aller, mon enfant. Dans deux jours, j’aurai en ville un appartement où tu viendras me voir, et je te tiendrai au courant de mes démarches.