Page:Sand - Francia.djvu/97

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net. Guzman m’a donné trois francs pour te régaler ; nous allons boire de l’orgeat, ça me remettra.

Ils entrèrent dans l’estaminet-café qui occupait le rez-de-chaussée, et qui était tenu par un vieux sergent estropié à Smolensk ; quelques sous-officiers prussiens buvaient de l’eau-de-vie en plein air devant la porte.

Francia et son frère se placèrent loin d’eux au fond de l’établissement, à une petite table de marbre rayé et dépoli par le jeu de dominos. Dodore dégusta son verre d’orgeat avec délices d’abord, puis tout à coup, le posant renversé sur le marbre :

— Tiens, dit-il à sa sœur, c’est pas tout ça ! je te défends de retourner chez ton prince russe ; ça n’est pas la place d’une fille comme toi.

— Qu’est-ce que tu as ce soir contre les alliés ? Tu étais si content d’aller à l’Opéra, en loge,… excusez ! Et voilà que tu m’emmènes avant la fin !

— Eh bien ! oui, voilà ! J’étais content de me voir dans une loge ; mais de voir le monde applaudir une chanson si bête !… C’est dégoûtant, vois-tu,