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Page:Sand - Histoire du veritable Gribouille.djvu/100

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HISTOIRE

trompes si tu crois ne rien avoir appris. Voyons, interroge ton propre cœur, et dis-moi s’il n’est pas en possession du secret le plus merveilleux qu’un mortel ait jamais pressenti ?

— Hélas ! ma marraine, répondit Gribouille, je n’ai appris qu’une chose chez vous, c’est à aimer de tout mon cœur.

— Fort bien, reprit la reine des prés, et quelle autre chose est-ce que mes autres enfants t’ont fait connaître ?

— Ils m’ont fait connaître le bonheur d’être aimé, dit Gribouille, bonheur que j’avais toujours rêvé et que je ne connaissais point.

— Eh bien, dit la reine, que veux-tu donc savoir de plus beau et de plus vrai ? Tu sais ce que les hommes de ton pays ne savent pas, ce qu’ils ont absolument oublié, ce dont ils ne se doutent même plus. Tu es magicien, Gribouille, tu es un bon génie, tu as plus de science et plus d’esprit que tous les docteurs du royaume des bourdons.

— Ainsi, dit Gribouille, qui commençait à voir clair en lui-même et à ne plus se croire trop bête, c’est la science que vous m’avez donnée qui guérirait les habitants de mon pays de leur malice et de leurs souffrances ?

— Sans doute, répondit la reine, mais que t’importe, mon cher enfant ? Tu n’as plus rien à craindre des méchants ; tu es ici à l’abri de la rancune du roi des bourdons