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Page:Sand - Jean Ziska, 1867.djvu/200

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GABRIEL.

Que me voulez-vous ? ne me touchez pas, monsieur, ou vous êtes mort !

ASTOLPHE.

Malepeste ! que vous avez le réveil farouche, mon beau cousin ! Vous avez failli me percer la main.

GABRIEL, sèchement et sautant à bas de son lit.

Mais aussi, que me vouliez-vous ? Quelle fantaisie vous prend de m’éveiller en sursaut ? C’est une fort sotte plaisanterie.

ASTOLPHE.

Oh ! oh ! cousin ! ne nous fâchons pas. Il est possible que je sois un sot plaisant, mais je n’aime pas beaucoup à me l’entendre dire. Croyez-moi, ne nous brouillons pas avant de nous connaître. Si vous voulez que je vous le dise, la relique que vous avez au cou me divertissait… J’ai eu tort peut-être ; mais ne me demandez pas d’excuses, je ne vous en ferai pas.

GABRIEL.

Si ce colifichet vous fait envie, je suis prêt à vous le donner. Mon père en mourant me le mit au cou, et longtemps il m’a été précieux ; mais, depuis quelque temps, je n’y tiens plus guère. Le voulez-vous ?

ASTOLPHE.

Non ! Que voulez-vous que j’en fasse ? Mais savez-vous que ce n’est pas bien, ce que vous dites là ? La mémoire d’un père devrait vous être sacrée.

GABRIEL.

C’est possible ! mais une idée !… Chacun a les siennes !

ASTOLPHE.

Eh bien ! moi, qui ne suis qu’un mauvais sujet, je ne voudrais pas parler ainsi. J’étais bien jeune aussi quand je perdis mon père ; mais tout ce qui me vient de lui m’est précieux.