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Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/178

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avec toi, le pays, les affections, l’avenir, je ne serai point lâche, je ne songerai ni à toi ni à moi en te quittant ! J’aurai tant d’autres choses à pleurer !


Nohant, 7 novembre.


J’y reviens à midi. J’installe Fadet auprès du feu, et je me mets à écrire dans ma chambre sur mes genoux, il fait trop froid dans la bibliothèque. Il boude toujours, Fadet. Il me regarde d’un air triste ; peut-être est-il mécontent de ce que je reviens seule, peut-être s’imagine-t-il que je ne veux pas ramener mes petites-filles, peut-être craint-il d’être abandonné aux Prussiens, si l’on s’en va encore ! Il y a là un mystère ; c’est la première fois qu’il ne me dévore pas de caresses après une absence. Il fait un froid noir, mes mains se roidissent en écrivant. Que de souffrances pour ceux qui couchent dehors ! Les officiers peuvent se préserver un peu ; mais le simple troupier, le mobile à peine vêtu ! ils ont