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Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/179

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encore des habits de toile, et déjà ils n’ont plus de souliers. Pourquoi cette misère quand nous avons fait et au delà tous les frais de leur équipement ?

En ce moment, on s’occupe à La Châtre de faire des gilets de laine pour les mobilisés. Les femmes quêtent, cousent et donnent. On s’ingénie pour se procurer l’étoffe, on n’en trouve qu’avec des peines infinies, les chemins de fer se refusant, par ordre, au transport des denrées qui ne sont pas directement ordonnancées par le gouvernement, ou ne voulant répondre de rien ; on manque de tout. La confiance dans les administrations militaires est telle qu’on donne ces vêtements aux mobilisés de la main à la main ! Tant d’autres malheureux n’ont jamais reçu, nous dit-on, les secours qui leur étaient destinés !

Pas de nouvelles aujourd’hui, calme plat au milieu de la tempête. On est tout étonné quand un jour se passe sans apporter un malheur nouveau.