Page:Sand - La Fée qui court, paru dans Le Figaro, 04 décembre 1859.djvu/3

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


une fable


Je rencontrai l’autre jour une bonne fée qui courait comme une folle malgré son grand âge.

— Êtes-vous si pressée de nous quitter, madame la fée ?

— Ah ! ne m’en parlez pas, répondit-elle. Il y a quelques centaines d’années que je n’avais revu votre petit monde, et je n’y comprends plus rien. J’offre la beauté aux filles, le courage aux garçons, la sagesse aux vieux, la santé aux malades, l’amour à la jeunesse, enfin tout ce qu’une honnête fée peut offrir de bon aux humains, et tous me refusent. Avez-vous de l’argent ? me disent-ils, nous ne souhaitons pas autre chose ; or, je me sauve, car j’ai peur que les roses des buissons ne me demandent des parures de diamants et que les papillons n’aient la prétention de rouler carrosse dans la prairie !