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Page:Sand - La Filleule.djvu/193

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Mais cela a duré assez longtemps pour l’expiation de sa faute envers moi, trop longtemps pour la satisfaction de mon injuste dépit. Je rougis d’avoir résisté si longtemps à la voix de mon cœur. Je viens à vous, madame, pour que vous m’aidiez à réparer mon tort et à rendre le bonheur à celui qui, par son dévouement et son respect pour moi, est redevenu digne à mes yeux de tout mon dévouement, de tout mon respect.

Veuillez, madame, me recevoir demain dans la matinée ; nous avons à causer ensemble sans témoins. J’ai besoin de vos conseils, j’ose dire de votre sympathie. J’y ai droit par mes chagrins, je la mérite par les sentiments de tendre vénération que je professerai toujours pour vous.

Dolorès, duchesse de florès.

P.-S. Je n’ai pas besoin de dire à la femme la plus généreuse et la plus délicate qui existe, que ma lettre et notre entrevue doivent être ignorées de tous, et du duc particulièrement.



NARRATION DE L’ÉCRIVAIN QUI A RECUEILLI LES DOCUMENTS DE CETTE HISTOIRE


Madame de Saule consulta Stéphen sur la lettre qu’on vient de lire et le questionna sur le caractère de la duchesse. Stéphen avait été invité plusieurs fois par le duc de Florès à des réunions choisies. Il connaissait l’entourage des deux époux ; il avait vu plusieurs fois la belle Dolorès, qui l’avait reçu et traité avec une distinction particulière.

Voici le portrait qu’il fit de cette femme à Anicée. C’était une beauté espagnole accomplie, et l’hyperbolique Hubert