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Page:Sand - La Filleule.djvu/272

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renita à se refaire comme elle des fatigues du monde, pendant ce répit qui leur était accordé. Morenita disait qu’elle aimait mieux étudier jusqu’à minuit dans sa chambre et dormir plus tard dans la matinée ; que cette manière de vivre lui plaisait beaucoup aussi, et que jamais elle n’avait employé son temps plus à son gré.

La duchesse n’avait que deux domestiques qui couchassent dans la maison, laquelle était fort jolie, mais fort petite. Les autres serviteurs étaient des gens du pays, loués à la semaine, qui, chaque soir, retournaient dans leur famille, le hameau qu’ils habitaient étant situé à cinq minutes de chemin de la villetta.

L’appartement de la duchesse était tourné vers l’est, celui de Morenita vers le couchant.

Il semblait donc que tout fût disposé avec soin pour favoriser les relations secrètes des deux gitanos. Rosario habitait Gênes et y menait aussi une existence très-cachée. Il ne s’y faisait pas entendre, il n’y recherchait aucune protection, il n’y établissait aucun lien avec les gens d’aucune classe, n’étant, lui, d’aucune classe en réalité. Il ne s’était jamais présenté chez la duchesse, et il ne semblait pas que celle-ci eût gardé le moindre souvenir de son existence, car il ne lui arriva pas une seule fois de prononcer son nom devant Morenita.



XII


La saison était magnifique. Il n’y avait pas, de Gênes à la villa, une demi-heure de chemin. Tous les soirs, entre neuf et dix