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Page:Sand - La Ville noire.djvu/128

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la ville noire.

m’avez retiré du cœur ! C’est votre droit. Il faudra donc que je fasse fortune pour me consoler ? Eh bien ! je commence à n’y plus croire, à la fortune, et à me dire que je suis bien fou de me donner tant de peine pour quelque chose de si incertain !

— Vous n’avez pas le droit de vous décourager si vite, reprit Tonine ; le vin est tiré, il faut le boire. Il ne faut pas vous dégoûter d’une chose à peine commencée. Celui qui se rebute aux premiers ennuis n’est pas un homme, et, en changeant de projet tous les jours, on n’inspire plus de confiance à personne. Il est peut-être malheureux pour vous d’avoir sacrifié votre jeunesse au gain et le présent à l’avenir ; mais il serait plus malheureux encore de sacrifier cet avenir, qui vous a coûté si gros, pour quelques désagréments qui passeront comme tout passe. J’irai demain matin revoir votre malade, puisque je le lui ai promis, et nous causerons avec Gaucher de tout cela.

— Ah ! vous reviendrez demain à la baraque ! À quelle heure ?

— Je ne sais pas. Je ne veux pas y retourner avec