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Page:Sand - La Ville noire.djvu/129

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la ville noire.

vous, Sept-Épées : ça ferait jaser, et même nous allons nous quitter ici pour ne pas entrer ensemble dans le faubourg ; mais nous nous verrons demain, je vous le promets. Pour ma peine, voulez-vous me promettre de réfléchir comme un garçon raisonnable doit le faire, et de ne pas trop vous affliger des contrariétés qui vous arriveront ?

— Eh mon Dieu ! qu’est-ce que ça vous fait, Tonine, que je m’afflige et que je manque de courage, puisque vous n’avez aucune amitié pour moi ?

— Il y a amitié et amitié ! Il y a celle qui fait qu’on ne peut pas vivre l’un sans l’autre et qu’on se marie ensemble : celle-là, vous ne l’avez pas eue pour moi, et il est heureux que je ne l’aie pas eue pour vous ; mais il y a une amitié plus tranquille et qui n’enchaîne pas tant : c’est celle qui fait qu’on s’intéresse aux peines d’un autre et qu’on voudrait l’en tirer. Au point où nous en sommes, c’est la meilleure qu’il puisse y avoir entre nous, et, si vous m’en croyez, c’est celle que nous aurons. Il ne sera plus question ni d’amour ni d’amourette ; vous me prendrez aussi au sérieux que si j’étais Gaucher,