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Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/263

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cela l’opinion de M. de Barruel, qui ne craint pas d’affirmer ce que nous indiquons.

On insistera, je le sais, sur les propres aveux de Rousseau, sur ses remords très-explicites et très-éloquemment exprimés. Rousseau est souvent déclamatoire, je ne le nie pas ; mais il l’est naïvement ou avec travail. Je ne le trouve pas un instant naïf dans les regrets qu’il exprime d’avoir méconnu ses devoirs de père, pas plus qu’il n’est véritablement sincère dans ses essais de justification ; il y a là comme un effort, autant pour se repentir que pour se justifier. La nature parie cependant à son cœur au commencement de l’Émile ; mais ce cri de douleur peut parfaitement se traduire ainsi : « Que n’ai-je eu des enfants à aimer avec certitude ! »

Admettons pourtant qu’il ait eu des remords bien réels ; il y en a de deux sortes : ceux que laisse une faute sciemment commise, et ceux que fait naître après coup une faute involontaire. Ceux de Rousseau n’étaient peut-être pas même de la seconde catégorie. S’il croyait à la faute involon-