Aller au contenu

Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/265

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mettre cet enfant à l’hôpital, car enfin je me souviens bien… »

Mais Thérèse arriverait, lui ôterait la plume des mains, lui ferait une scène, et il effacerait pour corriger ainsi : « Car enfin… j’ai eu peur de faire des sacrifices, et je dois avouer que j’ai un fonds d’avarice dont ma pauvre Thérèse m’a corrigé. » Ah ! si ce brave homme pouvait lire ceci !… Mais il ne le lira pas, Thérèse y mettra bon ordre.

La véritable faute de Rousseau, c’est d’avoir persévéré dans son attachement pour cette femme qui, plus ou moins coupable, était à coup sûr indigne de lui, et qui exploita misérablement à son profit les défaillances de ce caractère endolori et cette cruelle imagination, si habile à le torturer. On ne vit pas impunément avec un petit esprit : on ne contracte pas ses défauts, on ne perd pas sa propre grandeur quand on est Jean-Jacques Rousseau ; mais on la sent troublée, combattue, exaltée, égarée, et on fait en pure perte d’immenses efforts pour la mettre au niveau de misères indignes d’elle.