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Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/233

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— Au village, je travaillais dès le matin comme un bœuf ; mais je faisais le samedi, le dimanche et le lundi comme les autres, et, ces jours-là, je ne me couchais pas. Que voulez-vous, l’ennui ! J’étais pourtant un bon ouvrier. Il n’y paraît déjà plus, voyez ! j’ai les mains blanches, d’aussi belles mains que quand je jouais les amoureux. Ça ne fait pas que je m’amuse. Ah ! mon ami, je vous parle franchement, ne prenez pas ceci pour une affectation. Je m’ennuie à avaler ma langue, je m’ennuie à en mourir.

— N’avez-vous donc pas su vous créer encore des occupations sérieuses ?

— Sérieuses ! Dites-moi donc ce qu’il y a de sérieux dans l’existence d’un millionnaire de la veille qui est encore un étranger au milieu des gens pratiques ? Est-ce que je serai jamais pratique, moi ? est-ce que je peux l’être ? Écoutez le récit de mes trois mois de villégiature dans ce château ; mais c’est assez rester à table. Venez dans ma chambre, nous y serons mieux.

Il prit un flambeau de vermeil d’un travail exquis, et, après m’avoir fait traverser un salon splendide, un billard immense et un boudoir merveilleux, il