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Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/35

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spongieuses que nous leur avions creusée. Cette maudite roche ne gardait pas l’eau que nous eussions pu mettre en réserve dans des trous, et elle ne nous protégeait pas.

On voulait brûler la caisse qui avait contenu nos oripeaux : Bellamare s’y opposa. Elle pouvait servir d’abri au dernier survivant.

Enfin le troisième jour ramena le soleil et avec la fin du brouillard l’espérance d’être aperçus. On se réchauffa un peu, on se fit des illusions, Anna reprit un peu de forces ; l’ivresse consola encore ceux qui voulurent y recourir. Je ne pus empêcher le petit Marco de dépasser la dose nécessaire. Il détestait Lambesq, dont l’arrogance et l’égoïsme l’exaspéraient. Nous eûmes fort à faire pour les empêcher de se battre sérieusement.

Un soudain espoir de salut fit diversion, on apercevait enfin une voile à l’horizon ! On fit les signaux qu’on put faire. Hélas ! elle était trop loin, et nous étions trop petits, trop masqués, par les écueils ! Elle passa ! Une seconde, une troisième, deux autres encore vers le soir, nous jetèrent dans un enthousiasme délirant et dans un accablement désespéré. Anna s’endormit sans qu’il fût possible