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Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/45

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ramassions avec une indolence étonnante, tant nous étions sûrs de périr quand même. Quelques gouttes de pluie tombèrent et allégèrent à peine la soif ; quelques-uns ne voulurent même pas profiter de ces minces soulagements qui réveillaient le désir assoupi de la vie. Je me souviens à peine de mes impressions et je ne retrouve que certains retours de l’idée fixe. Impéria était continuellement dans mes rêves, car j’étais continuellement assoupi ; quand Bellamare, qui résistait encore à cet accablement, venait me secouer un peu, je ne distinguais plus la fiction de la réalité, et, croyant qu’il m’appelait pour la représentation, je lui demandais ma réplique d’entrée, ou bien je me figurais être avec lui dans la fameuse chambre bleue, et je lui parlais bas. Je crois que je révélai encore mon amour à Impéria, et qu’elle ne me comprit plus. Elle faisait de la guipure ou croyait en faire, car ses doigts raidis et transparents de maigreur s’agitaient souvent dans le vide. Un matin, je ne sais lequel, je sentis que quelqu’un de très-fort me soulevait et m’emportait comme un enfant. J’ouvris les yeux, ma figure se trouva près d’une figure basanée que j’embrassai sans savoir pourquoi, car