Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/347

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premiers rayons du soleil. Caroline, mortellement inquiète, après une insomnie cruelle, venait à sa rencontre.

— Tout va bien, lui dit-il. Je m’étais trompé hier ; il n’est guère malade, car il a bien dormi et il a voulu repartir à pied.

— Ainsi il est parti ? répondit Caroline en montant auprès de Peyraque. Ainsi il ne s’est douté de rien ? Et je ne le verrai plus jamais ? Allons, tant mieux ! — Et elle éclata en sanglots sous son capuchon, qu’elle ramena en vain devant son visage. Peyraque entendit que sa poitrine se brisait.

— Voilà donc que c’est vous qui allez être malade à présent ? lui dit il d’un ton sévèrement paternel. Voyons ! soyez raisonnable, ou votre Peyraque ne vous croira plus quand vous lui direz que vous êtes chrétienne  !

— Mon Dieu pourvu que je ne pleure pas devant lui !… Ne peux-tu me passer un instant de faiblesse ? Mais que fais-tu ? Pourquoi continuons-nous de marcher vers Laussonne ?

Peyraque avait cru apercevoir de nouveau le marquis avançant toujours. — Il faut que vous m’excusiez, dit-il, mais j’ai une commission à faire dans le village. C’est tout près.

Il entra dans le village, pensant bien que le marquis se tiendrait en observation à distance. Il alla échanger quelques paroles au bout de la rue avec un des habitants. Les prétextes ne pouvaient lui manquer. Puis,