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Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/348

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revenant à Caroline : — Voyons, ma fille, lui dit-il, vous avez trop de souci. Je veux vous secouer les esprits ; vous savez que la promenade vous remet toujours. Voulez-vous que je vous en fasse faire une, oh ! mais une belle ?

— Si tu as affaire quelque part, je ne veux pas te gêner. J’irai où tu voudras.

— Il me faudrait aller jusqu’au pied du Mezenc, au village des Estables. C’est un bel endroit, oui, et vous aviez tant d’envie de voir la plus grande des Cévennes !

— Tu disais que c’était difficile avant la fin du mois prochain ?

— Dame ! le temps est un peu nuageux et les chemins sont peut-être un peu gâtés. Je n’ai pas été par là depuis l’année dernière ; mais on dit qu’on y a travaillé, et d’ailleurs vous savez bien qu’avec moi il n’y a pas de danger.

— Je t’assure que je ne suis pas en humeur de me soucier du danger. Partons.

Peyraque anima son cheval, qui franchit Laussonne et descendit bravement la colline rocailleuse pour la remonter aussitôt plus rapide sur l’autre versant. Quand on eut gagné le haut, Peyraque se retourna, ne vit plus personne dans les sentiers derrière lui, et regarda en avant le chemin, qui prenait mauvaise mine. — Vous allez voir le désert, dit-il ; ça ne vous chagrine pas ?

— Non, non, répondit-elle ; quand on est désespéré, ça ne se chagrine plus de rien.