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Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/96

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ter. C’est une galanterie bien usée, n’est-ce pas ? mais, ici, ce n’est pas même une galanterie. C’est une simple étiquette à placer sur un objet, comme pour dire, de la part de mon ami M. de Saulges : « Je vous ai vendu ma propriété ; mais je me suis réservé cette bagatelle pour avoir à vous l’offrir. »

— Fort bien, répondit Amédée. Allons dire au jardinier en chef de nous faire un bouquet.

— Quoi ! vous faites faire vos bouquets par les jardiniers, ici, quand vous avez la liberté et le bonheur de pouvoir les faire vous-même ?

— Mais un bouquet équivalant à un écriteau, ce n’est plus un bouquet.

— Qui sait ? dit Thierray en examinant son hôte ; j’ai peut-être des instructions secrètes. Sous cet écriteau affiché à tous les yeux, l’ami dont je suis l’ambassadeur veut peut-être cacher un hommage, et je vous avoue que je ne sais rien d’intéressant et d’amusant comme de composer un bouquet pour une femme, même quand on n’agit que par procuration.

— Pour une femme ? objecta Amédée toujours calme, ou maître de lui-même. Vous m’aviez dit que ce présent était offert aux dames de Puy-Verdon, et j’avais compris que c’était, comme le bouquet, une offrande collective. Toutes jouent du piano.

— Mais qui en joue le mieux ?

— Sans contredit, c’est Éveline.

— Flavien n’en sait probablement rien, dit Thierray en l’observant, et je vous avoue que je ne sais pas à laquelle de ces dames il a pensé en particulier.

— Je crois qu’il n’a pensé à aucune, mais à toutes, répondit un peu sèchement Amédée.

— Vous avez raison, dit Thierray, et vous me donnez