Page:Sand - Narcisse, 1884.djvu/140

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— Oui, mademoiselle, répondit avec une fermeté glaciale mademoiselle d’Estorade.

Et elle me regarda comme pour me dire : « C’est à votre tour de me justifier comme vous l’entendrez. »

Je pensai que la vérité de fait était le meilleur moyen d’en sortir. Grâce au ciel, Julia ne savait rien du rendez-vous, de la correspondance et des sentiments secrets qu’à tort ou à raison nous pouvions attribuer à mademoiselle d’Estorade.

— Mademoiselle, dis-je en lui montrant Juliette, est une sœur de charité, et nous savons comment M. Albany lui a demandé à emprunter une somme dont il lui a dit être débiteur envers vous. Nous savons que mademoiselle d’Estorade, qui avait connu M. Alban Gerbier autrefois dans sa famille, en Touraine, a engagé cet artiste à réparer ses torts envers vous, s’il en avait, et à vous épouser, si vous étiez sage. Ce qu’il a répondu, nous vous l’épargnons. Nous étions témoins de l’entrevue, M. Pardoux et moi. Vous voyez donc bien que ces relations mystérieuses, qu’il vous plaît de souiller dans votre pensée, ont eu la sanction de deux personnes sérieusement dévouées à mademoiselle d’Estorade, qui ont approuvé sa générosité et apprécié son désir de rendre à la famille et à la société un esprit égaré, mais non perverti. Que voulez-vous faire pour contrarier ses pieux desseins ? Courir après M. Albany et le replacer dans les