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Page:Sand - Promenades autour d un village - 1866.djvu/143

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et de son autre fille, madame Anne, qui est la plus aimable personne du monde, cela est certain ; et enfin de sa petite-fille, mademoiselle Marie Moreau, qui est, selon elle, la beauté du village.

Elle ne m’avait pas semblé telle ; mais elle arrive sur ces entrefaites, perchée sur les crochets à fourrage d’un grand cheval maigre. Elle est coiffée d’un mouchoir bleu qui cache à demi son front et tombe le long de ses joues. Sous le froid reflet de cette capote improvisée, elle est du ton rose le plus fin et le plus pur ; son attitude et son accent sont singulièrement dégagés.

— Grand’mère, donnez-moi à boire ! crie-t-elle d’une voix fraîche et forte en s’arrêtant au bas de l’escalier. Je suis crevée de soif.

La grand’mère lui passe un verre d’eau fraîche, qu’elle avale d’un trait, et qu’elle savoure après coup, en faisant claquer sa langue, en riant et en montrant ses deux rangées de petites dents éblouissantes, qui sont le cachet de la race locale. La sueur miroite sur ses joues, son œil est animé, sa figure hardie et candide.