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Page:Sand - Promenades autour d un village - 1866.djvu/170

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rent les honneurs rendus aux images et aux statuettes des saints placées dans certains carrefours, ou sous la voûte de certaines fontaines lustrales, ou lavoirs publics. Nous voyons, aux premiers temps du christianisme, des Pères de l’Église s’élever avec éloquence contre la coutume idolâtrique d’orner de fleurs et d’offrandes les statues des dieux. Plus spiritualistes que ne l’est notre époque, ils veulent qu’on adore le vrai Dieu en esprit et en vérité. Ils proscrivent les témoignages extérieurs ; ils voudraient détruire radicalement le matérialisme de l’ancien monde.

Mais avec le peuple attaché au passé il faut toujours transiger. Il est plus facile de changer le nom d’une croyance que de la détruire. On apporte une foi nouvelle, mais il faut se servir des anciens temples, et consacrer de nouveau les vieux autels. C’est ainsi qu’en beaucoup d’endroits les pierres druidiques ont traversé la domination romaine et la domination franque, le polythéisme et le christianisme primitif, sans cesser d’être des objets de vénération, et le siége d’un culte particulier assez mystérieux, qui cache ses tendances cabalis-