Page:Sand - Promenades autour d un village - 1866.djvu/253

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

temps, on dit qu’il s’y est fait du mal. — Il paraît que, dans les temps, le monde se battait toujours. » N’en demandez pas davantage : le pourquoi et le comment n’existent pas.

On est donc très-étonné de trouver quelquefois, chez cet homme rustique, une certaine préoccupation et une certaine notion, que l’on pourrait appeler divinatoire, des événements primitifs dont la terre a été le théâtre et dont l’homme n’a pas été le témoin. Le paysan se demande quelquefois la cause de ces formes capricieuses et de ces accidents pittoresques qui tourmentent le sol sous ses pas. Il vous dit que le feu a tout cuit dans la terre, et que les pierres ont poussé, dans les temps, comme poussent maintenant les arbres ; notion très-juste, à coup sûr, dans une région qui porte la trace de soulèvements considérables.

D’où vient cette tradition dans des esprits complétement incultes ? Du raisonnement et de la comparaison. On se tromperait bien si l’on supposait que le paysan ne réfléchit pas. Il rêve plus qu’il ne pense, il est vrai ; mais sa rêverie est pleine de