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Page:Sand - Promenades autour d un village - 1866.djvu/254

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hardiesses d’autant plus ingénieuses qu’elles ne sont pas entravées par les notions d’autrui.

Si une race d’hommes mérite le bonheur, c’est à coup sûr la race agricole. Ce bonheur serait si peu exigeant ! Quand on regarde la frugalité de ses habitudes et que l’on écoute ses plaintes, on s’étonne du peu qu’il faudrait pour satisfaire l’ambition du paysan : celui-ci rêve de deux vaches qu’il pourrait mettre dans son pré ; celui-là, d’un bout de pré qui suffirait à ses deux vaches. On a tort de croire que rien ne contenterait l’avidité croissante du paysan. Il ne désire généralement que ce qu’il peut cultiver lui-même : si, par exception, son esprit s’inquiète des besoins de la civilisation, il s’en va, il cesse d’être paysan.

Le fait d’une haute sagesse économique serait d’entretenir chez le paysan cet amour de la terre et du chez soi, auquel il renonce avec tant de répugnance ou par suite d’instincts tellement exceptionnels.

Quels services ne rend-il pas, en effet, à la société, cet homme sobre et patient que rien ne