Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/390

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cieux rimeurs de cette littérature méridionale, si riche et si intéressante.

L’auteur de la notice que nous avons consultée se plaint avec raison du dédain de Champollion, qui, dans son ouvrage « sur les patois ou idiomes vulgaires de la France et en particulier sur ceux de l’Isère », s’est borné à nommer Blanc la Goutte. M. Pilot le venge de ce dédain en donnant une nouvelle édition du Jacquely de le Quatro Comare, qui est une satire charmante et que tous les Grenoblois doivent désirer de voir illustrer par MM. Rahoult et Dardelet à la suite de Grenoblo malhérou ; car M. Rahoult n’est pas seulement paysagiste : il groupe avec goût des figures excellentes, et, sous son crayon, les plaisantes matrones Pissisen, Jappeta, Faliben et Franqueta, débris archéologiques de la race humaine non moins intéressants que les vieilles tours et les antiques rochers de l’Isère, reprendraient vie, ainsi que la belle Fleuria, la cousine Beneyta, l’épouseur Patagoulliat et les petits ferluquets, contou de novelles ; enfin tout ce petit monde de province du siècle dernier, grouillant de couleur sous la plume rieuse et légère de Blanc la Goutte. Il y a du Balzac danc ce bonhomme. Espérons que le succès de Grenoblo malhérou engagera MM. Rahoult et Dardelet à compléter la publication de ce modeste et agréable chroniqueur des douleurs et des gaietés dauphinoises.

Nohant 23 octobre 1860.