Page:Sand - Tamaris.djvu/224

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— Je ne veux pas le savoir ! s’écria la Florade. Vous l’appelez marquise, et son vrai nom commence à circuler ; mais ce nom et ce titre ne m’apprennent rien, à moi qui ne connais pas le plus ou le moins d’importance relative des positions dans le monde. Notez que je ne sais absolument rien de sa fortune, que je la vois vivre comme une simple bourgeoise, et qu’elle peut n’avoir qu’un douaire très-mince, révocable même. Notez aussi que je ne sais rien de son passé. Il a été irréprochable, mes yeux et mon cœur le sentent ; mais elle a pu, elle a dû aimer quelqu’un, elle aime peut-être encore ! Elle pleure peut-être un ingrat, elle se cache peut-être, parce qu’un misérable l’a compromise. Voilà ce que j’ai le droit de présumer. Eh bien, tout cela m’est indifférent. Je suis sûr, si elle prend confiance en moi, de lui faire oublier ses peines, de venger ses injures, de faire respecter son avenir. Je lui donne tout mon être, ma jeunesse, mes deux bras, mon courage, mon âme à tout jamais, un nom que l’honneur ne désavoue pas, une volonté indomptable, une passion dévorante. Qu’est-ce qu’un autre homme lui offrira de mieux ? Des écus, des parchemins ? Je l’ai entendue parler, je sais qu’elle est au-dessus de tout cela, et qu’elle ne cherche que la vérité. La vérité, c’est moi, vérité farouche d’énergie et de conviction, entends-tu, docteur ? c’est la bonne, c’est la seule vraie. Dis tout cela au baron, et fais qu’il le voie et le comprenne.