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Page:Sand - Tamaris.djvu/225

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— Oui, oui, dites-le au baron, répéta Pasquali ; moi, je ne saurais pas ; mais, si vous le dites comme il vient de le dire, le vieux brave homme le croira, puisque moi… qui certes ne le gâte pas, ce drôle… me voilà persuadé que, cette fois, il aime pour tout de bon.

— La Florade, répondis-je, il faut parler toi-même. En fait d’amour, on n’est éloquent et persuasif que dans sa propre cause. Va le trouver, dis-lui tout ce que tu as dit là et attends sa décision. Nul autre que lui ne peut t’aider.

— Mais on peut me nuire ! s’écria-t-il avec une impétuosité soudaine. Docteur, tu blâmes mon passé, tu ne me l’as pas caché, je ne t’en veux pas. Tu m’as grondé, raillé, repris sévèrement, je t’en remercie ; mais, à présent, c’est fini, entends-tu ? Je suis corrigé, je suis purifié et rebaptisé par une passion vraie. J’ai rencontré la femme que je n’osais pas rêver ; je la veux à tout prix. Oui, je la veux !… répéta-t-il en posant son bras nerveux sur la table, entre Pasquali et moi. Tenez, prenez une hache, si vous en doutez, et coupez-moi ce bras-là, le droit ! J’y consens tout de suite, si à ce prix vous jurez de ne pas me nuire !

Il parlait avec cette furia méridionale qui rend acceptables toutes les hyperboles de l’exaspération.

— Finis donc, imbécile ! lui dit Pasquali en se-