Page:Sand - Tamaris.djvu/291

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elle. Elle les fit souper avec nous, elle présida elle-même à leur coucher, et à huit heures on se sépara.

— J’avais beaucoup de choses à te confier, me dit le baron en rentrant ; mais voici une journée trop noire pour faire des projets. Laissons-la passer. Tu as besoin de repos, tu étais malade hier, tu t’es levé avant le jour, tu as eu des émotions très-pénibles. Dors, nous causerons demain.

Ainsi l’horrible événement n’avait rien changé dans les projets de la marquise, rien ébranlé dans ses sentiments ! On laissait passer la triste journée ; le lendemain, on parlerait d’amour et de mariage ! Pourquoi non, après tout ? Si le bonheur n’était pas égoïste, il ne serait plus le bonheur, puisqu’il est un état de repos exceptionnel au milieu d’une vie où tout s’agite autour de nous dans la tourmente sans trêve et sans fin.

J’étais trop fatigué cette fois pour ne pas dormir. J’avais, d’ailleurs, plus que jamais la ferme résolution de me reposer vite et complètement, pour être encore prêt aux dévouements du lendemain. Ma vie ne m’appartenait plus.

Bien me prit d’être endormi à neuf heures du soir : Marescat entra chez moi à deux heures du matin. Il venait de la part de Pasquali savoir si la Florade m’avait donné signe de vie. Pasquali n’avait encore pu le joindre. On ne l’avait pas encore vu au poste du baou rouge, et pourtant le garde de la forêt de