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Page:Sand - Tamaris.djvu/299

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lancette quelques gouttes de sang, et, bien que ce fût une très-faible preuve de vitalité, je redoublai d’énergie.

Marescat m’avait signalé aux gardes-côtes. Ils arrivaient avec une barque, mais trop tard à mon gré, car mes forces s’épuisaient, et je sentais se ralentir l’action de mes bras. Il m’était impossible de me rendre compte de l’état du pouls et du cœur, je ne sentais plus que le battement exaspéré de mes propres artères. Quand la barque arriva, je prescrivis à Marescat de me remplacer, et je tombai évanoui dans les bras d’Estagel, qui commandait la manœuvre.

Je revins vite à moi, et je vis qu’on nous débarquait, non au poste, mais à une maison de pêcheurs de l’autre côté du cap. C’était bien vu, puisque c’était le gîte le plus proche. Il s’agissait de continuer à réchauffer ce pauvre corps inerte jusqu’à ce que la rigidité, plus apparente que sensible, se fût dissipée ou prononcée. Je vis employer là par les gens de la côte un moyen très-efficace et très-ingénieux de réchauffement prompt et complet dont j’ai dû prendre note. Ils rassemblèrent une douzaine de poulies de navire en bois de gaïac, épaves qu’ils recueillent toujours avec soin ; ils les mirent près du feu ; au bout d’un instant, elles fumaient en se couvrant d’une sueur résineuse à odeur de benjoin, et elles acquéraient une chaleur forte et persistante. Ils en