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Page:Sand - Tamaris.djvu/300

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remplirent le lit où j’avais fait déposer l’asphyxié. Ils lui en appliquèrent sur la poitrine, sur le dos, sur tous les membres, et, les frictions violentes continuant sans interruption, au bout d’un quart d’heure les joues reprirent couleur, les yeux rougirent et s’ouvrirent avec égarement, un grand cri déchirant sembla vouloir briser la poitrine, et je n’eus plus à combattre qu’une crise nerveuse terrible, douloureuse, mais de bon augure.

Quand elle s’apaisa, je regardai fixement Estagel, qui ne nous avait pas quittés. Il leva les yeux au ciel, joignit les mains et dit simplement :

— Dieu est bon !

Ceci fut un mouvement si peu étudié et si religieusement vrai, que tous mes soupçons se dissipèrent. La Florade avait dû être victime d’une cause fortuite.

Quand Pasquali arriva, la Florade était vivant, ce qui ne voulait pas dire qu’il fût sauvé. Des accidents imprévus pouvaient survenir ; mais il vivait, il entendait, il voyait, il s’étonnait et faisait des efforts de mémoire pour comprendre sa situation.

— À présent, dis-je à Pasquali, envoyez à Tamaris, où l’on doit être mortellement inquiet, et faites dire que tout va bien, sans autre explication. Je ne puis vous répondre de rien ; j’ai un résultat inespéré, voilà tout, et on ne peut rien demander de plus et de mieux aujourd’hui à la nature.